Certains d’entre vous m’ont peut-être déjà lu sur d’autres posts et c’est justement pour cela que j’ai longuement hésité avant d’écrire celui-ci.
En effet, ma dernière contribution à ce forum parle d’espoir. De l’espoir qu’il doit y avoir en chacun de nous quand à une possible rémission de nos TCA.
Malheureusement, bien que j’ai été hospitalisé pour la 3ème fois cette année et que les résultats avaient sembles être très prometteurs à ma sortie le 22/08/24, il se trouve qu’à nouveau, ma vie est un enfer…
De fait, j’ai eu envie/besoin, de vider mon sac ici. De m’exprimer, de partager mon expérience, ma vie, mes souffrances, mes doutes, mes craintes. Et tout ça, avec des personnes qui ne peuvent que me comprendre tant tout le monde ici souffre des même maux…
Actuellement, beaucoup de mes symptômes « pré-hospitalisation » sont revenus. Ils ont réapparus insidieusement, petit à petit, jusqu’à occuper à nouveau toute la place dans ma tête et dans ma vie.
Aujourd’hui, hormis la restriction quantitative et qualitative, sont à nouveau d’actualité les vomissements également… et ce, à n’importe quel moment, n’importe où, quelque soit la prise alimentaire. « Si je peux alors je me sens contraint et forcé de le faire ».
C’est difficile, dégradant, honteux et même pire encore, j’ai fortement tendance à user de tous les stratagèmes possibles au monde pour forcer ces occasions.
Mon quotidien n’est donc pour l’heure plus que préoccupations alimentaires, courses, prises alimentaires, vomissements, réflexions sur ce que j’ai mangé, réflexion sur ce que je vais manger, pensées envahissantes sur l’anorexie mental et qui me bouffe toute ma charge mentale, ma concentration, ma patiente et ma joie de vivre.
Sans compter bien sûr, les innombrables mensonges et autre subterfuges que je mets en place afin d’arriver à mes fins. C’est usant, pesant, lassant… J’avoue ne plus en pouvoir. C’est très difficile, très compliqué après 7ans de maladie, de se dire que malgré tousses efforts, malgré 3 hospitalisations longues en TCA + 3 en services de soins médicaux, je ne parviennes toujours pas à me débarrasser de cette fichue maladie…
Pour autant et pour faire écho à mon dernier sujet sur ce forum, je pense qu’il faut toujours garder espoir. J’ai envie d’y croire. J’ai envie de comprendre « pourquoi? ». Ou au moins m’approcher de cette raison afin de mieux cerner la maladie et d’enfin lui dire adieux pour toujours!
Depuis bientôt 2 ans, je suis en arrêt maladie. Depuis bientôt 2 ans également, je fais vivre un enfer à ma conjointe actuelle. Pour autant et par je ne sais quel miracle, elle est toujours présente à mes côtés. Ce doit être une sainte!
Seulement voila, je vous passerai tous les détails de ma vie de couple mais en réalité, c’est extrêmement difficile pour tous les deux de vivre « à trois » avec la maladie.
Si bien qu’après ma dernière hospitalisation, alors que l’on y croyait très fort, elle m’a fait part de son « ras le bol » et m’a dit qu’elle ne pourrait pas supporter une autre hospitalisation, ou au moins une autre descente aux enfers de ma part. Mais… force est de constater que j’y vais tout droit et j’ai très peur de ce qui m’attend au bout du chemin.
Je ne sais pas si elle partirait réellement et à la limite, je préfère ne pas le savoir. Si je ne veux pas me retrouver dans le même état que celui dans lequel j’ai été avant mon hospitalisation à Saint-Anne sur Paris, c’est avant tout pour moi! Pour moi et moi seul. Pour ma vie, pour tout le reste de ma vie, pour mon corps, pour le peu de respect et d’estime que je peux avoir pour moi même et c’est : Normal.
Si l’on vient à vouloir le faire pour autrui, alors c’est mort d’avance. Ça ne tiendra pas pour la simple et bonne raison que ni l’un ni l’autre ne peut réellement imaginer ce que ressent la personne en face d’elle.
Et même si je reste persuadé que c’est infiniment plus de souffrance pour nous malades que pour nos proches, il ne s’agit pas là d’une compétition et je préfère finalement me laisser le bénéfice du doute quand à cette idée. Au final, peu importe « qui souffre le plus », cette maladie est ultra-envahissante et nous prend tous! Notre quotidien, nos pensées, nos croyances, nos proches, notre travail, nos loisirs… Nos vies! Et la seule chose sur laquelle on peut (je pense) être tous d’accord, c’est bien pour dire que c’est inadmissible, inacceptable et intolérable!
Cela doit changer, on mérite tous mieux que cette maladie à la noix *** !
Je n’ai pas la formule magique pour autant malheureusement et même si j’étais plein d’espoir la dernière fois, je vous avoue que depuis quelques semaines, c’est bien plus difficile de maintenir cette motivation. C’est ce qui m’a donné envie d’écrire à nouveau ici. Partager cela et montrer aussi que la guérison, la voie vers la guérison, n’est pas un long fleuve tranquille mais est faite de virages, de rapides, de remous et que même parfois, on peut tomber du bateau mais que ce n’est pas grave tant que l’on parvient à remonter dessus.
Pourvu que l’on s’en sorte, vraiment…
Je sature vraiment très fort de cette maladie, de ce quotidien, de cette vie avec elle. Je n’en peux plus vraiment et je me fais peur parfois à songer au pire. Sans grandes convictions heureusement mais enfin, je n’y avais jamais même juste songé auparavant et c’est relativement nouveau. Alors je dois surveiller cela avec beaucoup d’attention et je pense que l’on devrait tous être sensibiliser à cela et veiller les uns sur les autres en plus d’être bienveillant avec soi même et bien sûr veiller sur soi en premier lieu.
Merci de m’avoir lu jusqu’au bout.
Il est 5h57 quand je termine ce message. Je suis dans une nuit plus que difficile puisque je n’ai pas encore vraiment dormi. Et pire encore, j’ai même quitter l’appartement vers 1h du matin pour aller me promener et faire quelques courses chez un petit commerçant de quartier afin de faire une crise et donc, de « m’occuper » un certain temps…
Ma conjointe n’est pas au courant. Elle n’a pas été réveillé ni par mon départ, ni même par mon retour et alors que notre chien m’a fait la fête quand je suis rentré… ce doit être une « chance » je suppose. En tout cas, il ne vaut mieux pas qu’elle l’apprenne si je ne veux pas qu’une guerre éclate entre nous deux. Je ne souhaite pas qu’elle cautionne ce qu’il se passe. Pas du tout! Mais au moins qu’elle ne m’enfonce pas d’avantage en me faisant des reproches et en me faisant culpabiliser sur « tout ce qu’elle a déjà endurée pour moi et qu’elle ne veut absolument plus endurer sous réserve de partir à ce moment là ».
C’est si dur à entendre et à vivre. C’est double peine je trouve et aussi très maladroit de sa part… Mais oui : « elle fait ce qu’elle peut », je sais…
Bref, merci de m’avoir lu malgré la longueur de mon message.
Si vous aussi vous êtes confronté à des soucis au sein de votre couple, je serai ravi d’échanger avec vous afin que l’on puisse peut être s’entraider et améliorer nos relations respectives.
Bien cordialement,
Aaron
